Le 26 septembre 2025, j’ai participé à la table ronde “Pratiques promotionnelles et entreprises suisses au XXe siècle”, organisée à l’Université de Lausanne. L’événement rassemblait chercheur·e·s, historien·ne·s de la communication et professionnel·le·s des archives pour discuter des enjeux liés à la conservation et à l’étude des pratiques publicitaires du XXe siècle.
👉 Plus d’informations : https://www.unil.ch/news/fr/1755603764846
Traces promotionnelles et usages archivistiques
Mon intervention portait sur le devenir des traces promotionnelles une fois intégrées en archive : comment elles sont traitées, classées, rendues intelligibles, et comment elles peuvent être réactivées pour la recherche.
Pour ouvrir cette réflexion, j’ai proposé un parallèle entre :
le fonds TRIO, issu de l’agence de publicité lausannoise Trio, au tri initial duquel j’ai participé en vue de son intégration dans les collections de l’Iconopôle de la Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne (BCUL) ;
et le fonds Charles et Ray Eames, conservé à la Library of Congress à Washington, sur lequel j’ai travaillé dans le cadre de ma thèse.
Ces deux ensembles documentent des pratiques de communication visuelle et audiovisuelle de la seconde moitié du XXe siècle, et posent des défis similaires en termes de traitement et de compréhension.
Complexité matérielle, gestes et savoir-faire
Le fonds Eames, par exemple, rassemble plus de 370 mètres linéaires de documents papier et plus de 750 000 pièces iconographiques, dont les diapositives ont nécessité plus de trente ans d’inventaire. Comme pour TRIO, il s’agit de documents très variés, produits pour circuler rapidement et non pour être conservés durablement.
Dans ma recherche doctorale, j’ai étudié les espaces dédiés aux diapositives au sein du Eames Office, ainsi que les pratiques concrètes de manipulation, de présentation et de consultation de ces images. Ce regard sur les gestes, les usages et les contextes s’est révélé précieux lors du traitement du fonds TRIO.
Il a permis d’enrichir la sélection et la structuration du fonds en tenant compte :
des étapes des processus créatifs,
des réalités professionnelles dans lesquelles l’agence lausannoise évoluait,
de la diversité des supports mobilisés dans les campagnes publicitaires.
Le rôle émergent du·de la chercheur·euse-archiviste
Ces expériences soulignent l’importance croissante d’un profil professionnel hybride, à mi-chemin entre recherche et pratique archivistique : le·la chercheur·euse-archiviste.
Ce rôle émerge dans un contexte où :
les institutions externalisent davantage le traitement des fonds,
les attentes en matière de valorisation rapide des collections augmentent,
et les dossiers à traiter nécessitent une compréhension fine des pratiques qu’ils documentent.
Le chercheur-archiviste ne se substitue pas à l’archiviste, mais apporte un regard interprétatif capable de reconnecter les documents à leurs usages et à leurs logiques d’origine. Il contribue ainsi à dévoiler le potentiel patrimonial et scientifique de fonds complexes comme ceux de TRIO.
Conclusion
La table ronde a été l’occasion de montrer comment l’articulation entre enquête de terrain, analyse des savoir-faire et traitement archivistique peut renouveler notre manière de traiter les archives de la communication et des pratiques promotionnelles.
Je remercie chaleureusement les organisateurs et les intervenant·e·s pour la richesse des discussions et l’ouverture de cet espace de réflexion croisé.