
L’Arsenal de Metz met la photographie de famille à l’honneur à travers une exposition consacrée à La Conserverie. La photographie dite « de famille », cette pratique sociale et sentimentale, y est évoquée dans toute sa diversité et son charme insaisissable, dans ce qu’elle dit de notre rapport aux autres, à notre environnement et au temps qui passe.
Créée en 2011 par Anne Delrez, La Conserverie est un lieu où la photographie de famille est non seulement conservée et indexée, mais aussi éclairée par des collaborations avec des artistes, des expositions, des projets pédagogiques et des publications. Les fonds, donnés par des particuliers (anonymement ou non), recouvrent parfois l’histoire de trois générations, de la fin du 19è siècle aux années 1990. On y trouve tout ce qui fait la saveur de ces photographies sans titres de noblesse : les sourires et les blagues, les poses maladroites et les flous involontaires, les célébrations et les vacances, la petite et la grande histoire. Et, mine de rien, dans cette collection, c’est également l’évolution du médium qui se révèle : instantanés, photographies de studio, cartes postales, diapositives et négatifs déclinent le développement des techniques, des formats, des esthétiques et des usages culturels et économiques.
L’exposition « S’écrire » à l’Arsenal montre une sélection d’archives de famille et de particuliers, ainsi que des projets issus d’appels à participation, explorant des thématiques spécifiques. Car le propre de La Conserverie, c’est d’ausculter et de lire cette matière intime, profondément humaine, qu’est la photographie de famille, et de faire apparaître des dénominateurs communs. Ce sont ainsi des aspects collectifs, drôles ou poétiques, qui sont mis en lumière, dévoilant des attitudes, des gestes et des motifs qui nous relient malgré la singularité de chaque regard.
Dans le flot de la vie, l’immobilité des photographies offre un refuge, un réconfort, un lieu où retourner. Le temps qui passe nous échappe moins, tout à coup. Photographier, se photographier, c’est au fond comme écrire une histoire. Un récit adressé à nos proches, certes, mais à nous-mêmes aussi, un récit qui ordonne le chaos de la vie, qui permet d’en décanter la complexité. Ces images collées dans des albums, conservées dans un portefeuille ou dans un carton à chaussures, dans les applications et sur l’écran d’accueil de nos téléphones portables, sont un viatique. Un trésor humble qui raconte nos appartenances et nos filiations, notre quotidien et nos aventures. Des images comme une assurance contre l’oubli et un héritage à transmettre.
« S’écrire », Metz, Arsenal, 29 janvier-16 mars 2025




